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Laos signifie le Peuple de DIEU, la Nation prise dans son ensemble. Seul le Peuple est souverain
27 mars 2019

WWIII : LE MESSIE JUIF EST ARRIVE, MAIS SI, MAIS SI. IL A ETE RECONNU PAR DES RABBINS, IL EST CONFORME A LA LOI JUDAÏQUE.

WWIII : LE MESSIE JUIF EST ARRIVE, MAIS SI, MAIS SI. IL A ETE RECONNU PAR DES RABBINS, IL EST CONFORME A LA LOI JUDAÏQUE, ON PEUT DONC RECONSTRUIRE LE 3ème TEMPLE.

Publié le 27 mars 2019 par José Pedro, collectif des rédacteurs dans LAOSOPHIE sur Overblog

messie-juif

Nous, car nous sommes la Sainte Trinité, une notion que nous avons toujours réfutée, car si l'Esprit est en nous, le Père choisi son carrosse. La sainte Trinité, c'est du fait que nous étions trois, le Père était à ma gauche et je suis à la droite du Père, et l'esprit de sacrifice est à ma droite, Moi et mon Père nous sommes un dans la Mort, et les Juifs m'attendaient à l'apparition de la première vache rouge et de la reconnaissance du GOLAN.  (voir en fin de Page Le Messie juif est arrivé, par Israël Shamir). Le Messie est rentré à Jérusalem par la porte dorée qui est fermée, encore un miracle. 

La porte dorée (שער הרחמים, Sha'ar Harahamim) ou également (en arabe : باب الرحمة - bab al rahma, Porte de la Miséricorde) Elle se trouve à Jérusalem-Est ou la ville d'Al'Quds de l'Etat de Palestine .

Elle est la plus ancienne ouverture pratiquée dans les fortifications de la vieille ville de Jérusalem et date probablement du VIe siècle av. J.-C.. Appelée aussi porte de la Miséricorde ou encore porte de la Vie éternelle, elle est située au milieu de la muraille Est et c'est la seule qui permet d'accéder directement à l'esplanade de La Mosquée al-Aqsa ou mont du Temple, de l'extérieur de la ville.

Elle aurait été utilisée à des fins rituelles dans les temps bibliques. Selon la tradition juive, c'est par cette porte que le Messie entrera dans Jérusalem.

Giotto, Rencontre de la Porte Dorée (entre 1304 et 1306), chapelle des Scrovegni, Padoue.

Cette porte fut fermée par Saladin ou Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf (en arabe: صلاح الدين يوسف). Lorsque Al-Quds (Jérusalem) fut reprise par ce dernier en l'an 1187 après près d'un siècle de domination Chrétienne. Il décida de fermer La Porte de la Miséricorde, pour éviter tout simplement des incursions et attaques, et protéger le Dôme du Rocher et la Mosquée al-Aqsa construits en 691.

 WWIII : LE MESSIE JUIF EST ARRIVE, MAIS SI, MAIS SI. IL A ETE RECONNU PAR DES RABBINS, IL EST CONFORME A LA LOI JUDAÏQUE, C'EST UN DESCENDANT DU ROI DAVID, ON PEUT DONC RECONSTRUIRE LE 3ème TEMPLE.

Le Messie hors-la-loi
Lev Fraenckel 

Le messianisme fait à la fois partie des principaux articles de foi du Judaïsme et appelle en même temps son renversement lorsqu’il se réalise de manière effective. Le messianisme s’exprime alors à travers une critique de la loi comme impératif catégorique, étatique et particulariste exercée par une instance transcendante. Saint-Paul incarne très certainement le fer de lance de cette révolution messianique au fondement de l’universalisme. Cette inauguration d’une loi immanente au sujet destinée à supplanter la loi transcendante du Judaïsme se prolonge à travers un certain nombre de figures de la modernité, notamment celles de Spinoza et Freud. Le messianisme n’est pas à entendre ici comme pure et simple trahison de la loi juive mais au contraire comme révélation d’une fracture qui lui appartient originellement.

1Parmi les treize « articles de foi » fondamentaux de la religion juive selon Maïmonide figure à la douzième place le commandement d’attendre la venue du Messie. Ce commandement est immédiatement assorti d’un interdit, celui de calculer le jour de sa venue : « puisse exploser l’esprit de ceux qui calculent la Fin ». Rabbi Zira met en garde les eschatologues : « trois choses arrivent par inadvertance : une trouvaille, une morsure de scorpion et le Messie ». La conscience et la raison calculante sont une entrave à la libération, c’est seulement quand les défenses tombent, quand le Moi nu et vulnérable s’expose à la morsure qu’il trouve au détour d’un lapsus l’objet de son désir. La libération est par essence impromptue, elle échappe aux raisonnements prédictifs, c’est en lâchant prise qu’on lui laisse une chance d’advenir. Chacun sait qu’il suffit de suspendre les recherches pour que surgisse miraculeusement le mot ou l’objet qui se dérobait désespérément à nos investigations. Disons le d’emblée, l’idéal n’est pas ici l’u-topie d’un non-lieu qui signerait l’abandon de toute poursuite, il est au contraire cet espace terriblement réel où le sujet fait l’épreuve d’une découverte mordante. La défense opposée au trauma de cette douloureuse rencontre revêt alors deux formes conjointes de forclusion destinées à résilier l’attente messianique : la prédiction et le mépris de l’objet.

2L’attente ne coïncide plus ici avec le calcul des heures qui s’écoulent ou avec une prédiction millénariste en fonction de laquelle nous serions sommés de nous organiser pour survivre à l’apocalypse, elle suspend au contraire toutes les unités de valeur par lesquelles nous prétendons juguler la fuite inéluctable du temps en le capturant dans des intervalles scientifiques, astrologiques ou financières. Mais l’attente est encore moins une passivité ou une pure projection dans une perspective future, selon le talmud elle ébranle le temps présent dans notre présence à soi, elle est fondamentalement une prise de risque, une ex-position, la décentration de nos intérêts bien compris qui garantissent nous dit-on le bon fonctionnement du monde et de ses institutions et qui verrouillent finalement la perspective d’une rupture.

3Expression d’un désir paradoxal, le messianisme résulte à la fois d’un commandement issu de la tradition juive la plus authentique et appelle en même temps son renversement lorsqu’il se réalise de manière effective. Il est d’ailleurs significatif que la dissidence au Judaïsme pharisien des disciples de Jésus prenne le nom de « messianisme », le terme christos traduisant mashiah en hébreu qui signifie « Messie ». Nous retrouvons immanquablement cette opposition dans les Épîtres de Saint-Paul où l’Annonce messianique est présentée comme « relève » de la loi juive pharisienne.

4Le geste paulinien est constitutif de la modernité au point que sa figure reviendra hanter un certain nombre de ruptures majeures dans l’histoire des idées. Spinoza ne pourra entreprendre la déconstruction de la transcendance sans se référer à l’auteur des Épîtres. Plus tard, lorsque Marx élabore l’idéal messianique d’une société sans classe, il est difficile de ne pas penser à l’apôtre des Nations qui exhortait les Hommes à réaliser l’universalité de la condition humaine : (Gal 3.28) Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni maître, ni homme ni femme. Puis, sous la plume de Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse et « frère d’incroyance » du philosophe d’Amsterdam, l’élève rebelle de Rabbi Gamaliel incarnera celui qui rend possible la sortie de la religion, le Messie devenant thérapeute de la névrose religieuse.

5Avant d’entrer plus en avant dans le vif du sujet, signalons que la présente étude s’inscrit dans une actualité philosophique récente qui témoigne d’un enjeu décisif autour de cette question. Deux camps s’affrontent aujourd’hui sur la scène intellectuelle, non pas sur la réalité ou la pertinence de cette généalogie de l’universalisme qu’ils s’efforcent tous de reconstituer, mais sur le sens et la valeur morale qu’il faudra lui accorder à travers l’histoire. On s’en doute, le différend n’est pas dénué de coloration politique. D’un côté Alain Badiou et Giorgio Agamben qui inscrivent résolument leur engagement politique dans le sillage révolutionnaire du juif de Tarse au point qu’ils lui consacrent chacun un ouvrage entier : Saint Paul, La fondation de l’universalisme (PUF, 1997) et Le temps qui reste, un commentaire de l’Épître aux romains (Payot & Rivages, 2000). De l’autre côté la réplique ne tarde pas à se faire entendre, en 2002 paraît chez Grasset dans la collection dirigée par Bernard Henry Lévy, Le meurtre du pasteur, critique de la vision politique du monde de Benny Lévy puis chez Verdier pour une seconde version encore plus radicale : Être juif (2003) ; Jean-Claude Milner suivra désormais cette ligne en publiant dans la même maison Les penchants criminels de l’Europe démocratique (2003) et plus récemment Le sage trompeur, Libres raisonnements sur Spinoza et les juifs (2013).

6Dans le sillage de Benny Lévy, ancien chef de la gauche prolétarienne reconverti au Judaïsme orthodoxe, Jean-Claude Milner réinterprète l’histoire de la démocratie et de l’émancipation universaliste comme anéantissement du Nom juif. Si le messianisme ou sa version sécularisée dans le progressisme a toujours été, au moins depuis Saint-Paul, une mise en question du Nom juif alors la tentation est grande de relire l’histoire de l’occident avec Lévy et Milner comme une longue persécution du Nom juif aboutissant deux mille ans plus tard à la solution finale de l’Allemagne nazie. L’accusation n’est pas mince : Paul de Tarse et plus tard Spinoza préfigureraient dans un même mouvement l’idéal démocratique des Lumières et la judéophobie. Toute l’opération consiste à identifier la critique chrétienne du Judaïsme pharisien avec l’antisémitisme moderne. Le Christianisme étant la matrice de la modernité, tout ce qui n’est pas juif risque vite de devenir judéophobe à commencer bien sûr par les prétendus « mauvais juifs » ou « juifs de négation » tels que Spinoza, Marx ou Freud. La réfutation en règle de cette argumentation excéderait le cadre de cette étude qui vise plutôt la construction positive d’une vision historique alternative. Contentons-nous pour le moment d’une simple observation qui nous permettra d’interroger la thèse des « nouveaux théologiens » : l’émancipation des juifs a toujours été fonction de celle des peuples vis-à-vis de leurs maîtres, la révolution française en est l’exemple le plus saisissant. Quels sont dès lors les motifs psychologiques et politiques qui justifient un tel repli identitaire ? À qui profitent les penchants criminels ?

7Cette tentation identitaire s’origine dans un trauma : celui des amants transis de la révolution lorsqu’ils ont vu celle-ci leur échapper. Pour ne rien arranger la Belle s’était envolée aux bras du consumérisme de masse qui allait pouvoir enfin jouir sans entraves. La déception amoureuse s’est alors changée en haine, « Haine de la démocratie » pour reprendre le mot de Rancière, qui trouvera sa forme inversée dans les penchants criminels de l’Europe démocratique. Par une redoutable logique paranoïaque l’amoureux éconduit refoule sa propre haine en la projetant sur l’Autre, qui devient alors un criminel en puissance, justifiant par là même toutes les mesures de neutralisation préventives. L’intérêt de la manœuvre devient flagrant, en jouant Moïse contre Mao, la lutte contre l’antisémitisme s’est substituée à la lutte universelle des classes avec toutes les conséquences idéologiques, politiques et économiques que cela entraîne de facto.

8Cette relation d’hainamoration entre Judaïsme et universalisme messianique, faite de révolutions et de réactions structure de part en part toute l’histoire du peuple juif et avec elle depuis son émancipation, celle de la modernité occidentale. Essayons de brosser à grands traits l’histoire de cette relation ambivalente et passionnelle afin de décrypter à travers elle les enjeux actuels.

9Quelques rappels biographiques succincts : Paul, en réalité Saül naît à Tarse (en Cillicie) au ier siècle de notre ère, c’est donc un contemporain de Jésus. Il est à la fois juif et citoyen romain. Élève de Gamaliel et juif pharisien zélé, il participe vigoureusement à la persécution des premiers chrétiens qui sont considérés par les juifs orthodoxes de cette époque comme des hérétiques, et à ce titre, sont légalement poursuivis et condamnés devant leurs tribunaux. C’est dans ce contexte que Paul assiste à la lapidation d’Étienne. Mais, coup de théâtre, quelques années après la mort de Jésus, en allant sur le chemin de Damas pourchasser les chrétiens, Saül tombe de son cheval et entend cette fameuse voix qui lui dit : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? ». C’est à partir de ce moment que Paul vouera sa vie entière à la délivrance du message messianique et peut être considéré à ce titre comme le véritable fondateur du christianisme.

10Un seul aphorisme restitue en trois mots le projet révolutionnaire des Épîtres : « Le Messie (Christos) est la fin (Telos) de la loi » (Telos nomou Christos, Rom. 10.14). Paul opère une critique radicale de la loi juive qu’il faut entendre ici au sens de nomos, comme convention particulariste voir étatique. Toutes les autres critiques adressées aux pharisiens en découlent : La loi est séparatrice lorsqu’elle divise l’humanité selon la circoncision, elle provoque la transgression par oppression du sujet, elle privilégie la lettre sur l’esprit en réglant nos comportements conformément à un rituel machinal et sans vie, enfin, elle consacre la séparation ultime de l’homme et de la transcendance. Giorgio Agamben souligne ici que Telos désigne à la fois le but et le terme, la « fin » et l’« accomplissement » (la langue française conservera cette polysémie). Ce double sens est formulé plus explicitement dans l’expression (2 Cor 3.13) : « telos tou katargoumenou » qui signifie à la fois désactivation (katargesis) et accomplissement (telos). Selon Agamben, Hegel aurait fondé toute sa dialectique sur la traduction par Luther de Katargesis en Aufhebung, terme qui consacrera définitivement la postérité du philosophe allemand. L’Aufhebung, généralement traduit en français par « relève » désigne à la fois la suppression et la conservation. Ce concept est au fondement du progressisme selon lequel tout renouvellement est fondé sur une destruction préalable de l’ordre ancien. Toute la modernité placée sous le signe de l’Aufhebung dialectique serait alors une sécularisation de la katargesis paulinienne.

11La désactivation de la loi passera dès lors par un éloge de la faiblesse, contre la toute-puissance du Dieu de l’ancien testament. Le Dieu de Paul n’est plus ce Père tout-puissant qui dispose à son gré de sa création et de son peuple pour le châtier ou le récompenser mais il apparaît au contraire sous la figure fragilisée du Fils. Inversion du sacrifice qui n’est plus exigé de la part des hommes pour servir Dieu mais au contraire, c’est au nom des hommes que son Fils viendra mourir sur terre. Le messianisme comme avènement du fils en lieu et place du père et son corollaire : la révocation de la loi transcendante et paternaliste pour faire place à une loi d’amour. Agamben remarque très justement que cette faiblesse revendiquée par Paul va jusqu’à la destitution de son propre nom, en troquant le « sigma » contre le « pi » : Saoul qui évoque le sang bleu du premier roi d’Israël devient Paulus : le « petit ; il se définira lui-même plus tard comme le « plus petit des apôtres » (1 Cor 15.9). C’est seulement par cet affaiblissement, ce passage de la transcendance à l’immanence que s’ouvre un accès à l’universel. Ce qui pourrait s’apparenter à une perte de puissance ou une castration de la part du sujet soumis à la transcendance n’est que le détour par lequel il parvient finalement à se réclamer de la toute-puissance ainsi invoquée. C’est là toute l’interprétation hegelienne du pacte entre Dieu et les hommes qui fait suite au déluge : la transcendance est implorée à la fin du déluge afin de maîtriser le déchaînement des forces de la nature. Le Dieu tout-puissant est certes paternel et exigeant mais il offre en échange la maîtrise de la nature qui lui est subordonnée. Mise en question de la loi comme rituel particulariste et institution d’une loi d’amour plus générale, la fameuse règle d’or : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » qui résilie définitivement la séparation entre circoncis et incirconcis, entre juif et grec.

12Voyons à présent comment la rupture paulinienne a été entendue par le Prince des philosophes. D’emblée dans le traité théologico-politique, Spinoza oppose la sagesse qui relève de la Lumière naturelle c’est-à-dire de la raison avec la parole des prophètes qui relève de la pure imagination. Paul fait bien sûr partie selon lui des sages et non des prophètes (mais il n’est pas le seul, il en dira autant du Roi Salomon) :

« Paul enseigne précisément ce que nous enseignons ; il dit, en effet (Rom III. 29) : « Si le circoncis s’écarte de la foi, la circoncision deviendra prépuce et, au contraire, si l’incirconcis observe le commandement de la loi, son prépuce sera réputé circoncision ». […] de là ressort, avec la dernière évidence, que la Loi a été révélée à tous absolument […] je parle de cette loi qui concerne la vertu vraie, non de celle qui a été établie à l’égard de chaque État, en rapport avec sa constitution, et adaptée à la complexion d’une seule nation. La conclusion de Paul est enfin que Dieu […] a envoyé son Christ à toutes les nations pour les délivrer pareillement de la servitude de la loi, de façon que les hommes ne fissent plus ce qui est bien par le commandement de la loi, mais par un décret constant de l’âme ».

Spinoza à la suite de Paul opère une distinction entre la loi « étatique » et particulariste qui s’impose par un rapport de force et d’aliénation avec une loi qui cette fois-ci n’est plus exercée par une instance extérieure et transcendante mais au contraire par le sujet lui-même en tant qu’il est en mesure de l’investir philosophiquement. Le messianisme spinoziste comme celui de Paul consiste à révoquer la loi comme impératif catégorique transcendant.

13Mais Spinoza ne s’exclut pas du Judaïsme il prétend au contraire détenir une lecture authentique des textes. C’est la raison pour laquelle il s’oppose à Maïmonide, responsable selon lui d’une lecture fautive de l’Écriture. Pour Spinoza, il existe une dimension universelle de la Torah qui s’exprime de manière emblématique dans les fameuses lois noahides. Les sept lois noahides correspondent à une certaine forme d’éthique universelle dont la liste est établie dans le traité du talmud Sanhédrin 56a :

  1. établir des tribunaux,

  2. interdiction de blasphémer,

  3. interdiction de l’idolâtrie,

  4. interdiction des unions illicites,

  5. interdiction de l’assassinat,

  6. interdiction du vol,

  7. interdiction de manger la chair arrachée à un animal vivant.

Il existe donc une loi naturelle, universelle dans la Torah qui s’adresse à tous sans aucun réquisit ethnique, ou de croyance en une histoire déterminée. Mais c’était compter sans Maïmonide qui légifère ainsi dans son ouvrage « michné torah » : melahim 8 :

« Quiconque accepte les sept commandements et les exécute diligemment, est au nombre des hommes pieux des nations et la vie future est son héritage ; pourvu qu’il ait accepté ces commandements parce que Dieu les a prescrits dans la loi et nous a révélé par Moïse qu’il avait donné ces commandements auparavant aux fils de Noé ; mais s’il les exécute sous la conduite de la Raison, il n’a pas droit de cité parmi nous et n’est pas au nombre des hommes pieux et instruits dans les nations ».

Maïmonide exclut clairement du monde futur celui qui adopte les lois noahides par sa seule Lumière naturelle. Selon lui il faut au contraire qu’il s’inscrive dans la Tradition en manifestant sa croyance dans la transmission de la Torah pour être véritablement considéré comme un « fils de Noé » à part entière.

14Pour Spinoza ce n’est absolument pas la Torah qui est en cause mais la lecture pharisienne orthodoxe qui en est faite par Maïmonide. Le scandale est d’autant plus grand pour Spinoza que cette lecture émane d’un philosophe qui prétendait accorder à la Raison une place décisive. Et pourtant Maïmonide ne parvient pas à envisager un instant que la révélation des lois par la lumière naturelle puisse atteindre le même degré de dignité qu’une croyance. Pour Spinoza c’est exactement l’inverse : la sagesse naturelle est l’apanage du philosophe alors que la foi religieuse est destinée au plus grand nombre, au vulgaire. Cette critique de la religion inscrite dans une pensée de l’immanence sera reprise quelques siècles plus tard par le père de la psychanalyse.

15Spinoza ayant ouvert la voie de la critique biblique, Freud est alors en mesure d’élaborer une généalogie de la foi religieuse. Toute religion repose selon Freud sur la culpabilité refoulée du meurtre du père de la horde primitive qui sera alors transposé dans des figures animales totémiques. Le monothéisme apparaît alors comme un progrès dans la mesure où il rend possible « la restauration du père primitif dans ses droits historiques ». Cependant cette restauration s’accompagne d’une série de lois et de rituels destinés à conjurer la culpabilité du parricide :

« Dans le besoin d’apaiser ce sentiment de culpabilité, qui était insatiable et qui venait d’une source tellement plus profonde, on dut rendre ces commandements toujours plus rigoureux, plus vétilleux et aussi plus mesquins. Dans une nouvelle ivresse d’ascèse morale, on s’imposa de toujours nouveaux renoncements aux pulsions ».

16Cette culpabilité à l’égard du père que chacun renouvelle à travers son histoire individuelle serait à l’origine de la plupart des interdits religieux. L’analogie avec la psychanalyse est ici explicite pour Freud : son ambition est toujours de ramener à la conscience le motif refoulé et lever ainsi le symptôme névrotique. Paul de Tarse psychanalyse en quelque sorte l’humanité en lui révélant sa vérité refoulée : nous avons tué Dieu, nous avons tué le père primitif (sous la figure déplacée du fils : l’inconscient est le domaine de prédilection de toute les inversions). Il aurait ainsi rendu complètement caduque la nécessité même de maintenir le rite religieux qui se fonde comme symptôme obsessionnel sur la culpabilité de ce parricide. Freud explique ainsi le « désir messianique » :

« C’est une hypothèse séduisante que de penser que le repentir suscité par la mort de Moise donna son impulsion au fantasme de désir du messie qui devait revenir et apporter à son peuple la délivrance ainsi que l’empire du monde. Si Moise fut ce premier messie, alors le christ est devenu son substitut et son successeur, alors Paul pouvait aussi, avec une certaine justification historique, adresser ces mots aux nations : “Voyez, le messie est réellement venu, il a été mis à mort sous vos yeux” ».

Et il ajoute un peu plus loin : « Le christianisme fut un progrès sous le rapport du retour du refoulé ; à partir de ce moment, la religion juive fut en quelque sorte un fossile ».

17Mais la ressemblance ne s’arrête pas là. Voici un extrait emblématique des épîtres à propos de la Loi :

« Que dirons-nous donc ? La loi est-elle pêché ? Loin de là ! Mais je n’ai connu le pêché que par la Loi ; car je n’aurai pas connu le désir, si la Loi n’eût dit : « Tu ne convoiteras point ! » (Exode, 20.17) C’est le péché qui, ayant saisi l’occasion, a produit en moi, par le commandement, toutes sortes de désirs ; car, sans la Loi, le péché est mort. Autrefois, j’étais sans Loi et je vivais, mais quand le commandement est venu, le péché a repris vie, et moi je suis mort – de sorte qu’il s’est trouvé que le commandement qui devait me donner la vie, m’a conduit à la mort. Car le péché, ayant saisi l’occasion, m’a séduit par le commandement même, et par lui m’a fait mourir ».

18Paul en précurseur de Freud aurait décelé dans la loi elle-même l’origine à la fois de la névrose et de la perversion. Entendons ici la loi surmoïque et non la loi d’amour qu’il qualifiera de « sainte », « juste » et « bonne » un peu plus loin. Kant avec Sade dira Lacan plus tard dans une formule qui résume à elle seule le paradoxe de la loi. Le névrosé obsessionnel sous le coup d’un impératif catégorique moral obsédant comme le pervers sadien ne vise l’Autre qu’en tant qu’il est l’instrument possible de ma jouissance. À chaque fois le sentiment est refoulé, il est pathologique dans La critique de la raison pratique au sens où il est la marque d’une faiblesse de la volonté et il est radicalement évacué de La philosophie dans le boudoir où il est remplacé par l’impératif absolu de jouir.

19C’est cela même que Paul semble découvrir dans le rapport obsédant à la loi : L’envers du névrosé obsessionnel incapable de désirer et d’aimer n’est personne d’autre que le pervers tout aussi incapable du moindre sentiment. Il faut donc substituer à l’impératif catégorique de la loi juive pharisienne, une loi d’amour. Mais cet amour n’est plus soumis au devoir comme chez Kant, il est au contraire ce sentiment qui permet de désactiver la loi en l’accomplissant : (Rom 13.8) « L’amour est donc l’accomplissement de la loi ». Paul ne résilie pas la loi, il la déplace :

« La circoncision, en effet, te sert si tu pratiques la Loi ; mais si tu transgresses la Loi, avec ta circoncision, tu n’es plus qu’un incirconcis. Si donc l’incirconcis garde les prescriptions de la Loi, son incirconcision ne vaudra-t-elle pas une circoncision ? Et celui qui physiquement incirconcis accomplit la Loi te jugera, toi qui avec la lettre et avec la circoncision es transgresseur de la Loi. Car le juif n’est pas celui qui l’est au dehors, et la circoncision n’est pas au dehors dans la chair, le vrai juif l’est au-dedans et la circoncision dans le cœur, selon l’esprit et non pas selon la lettre : voilà celui qui tient sa louange non des hommes mais de Dieu ».

20Impossible coïncidence à soi du juif, le clivage n’est plus ethnique mais il appartient au sujet en tant que tel qui se divise en juif et non juif, en grec et non grec. L’universel ne peut se fonder que sur une loi qui s’adresse à tous. Alain Badiou n’hésite pas à parler ici d’un clivage du sujet qu’il s’agirait d’assumer afin d’éviter de le projeter sur l’Autre : le clivage n’est pas celui qui sépare le juif du grec, il est au cœur de l’individu lui-même, à la fois juif et grec, homme et femme, maître et esclave. La circoncision du cœur déplace le clivage ethnique et religieux au sein du sujet lui-même qui doit alors faire face à sa propre fragmentation, le Moi n’est plus maître en sa demeure : il est morcelé.

21Que faut-il penser dès lors d’un tel messianisme ? S’origine‑t‑il encore dans le Judaïsme ou au contraire n’est-il pas son exact retournement ? Plus grave encore serait-il finalement comme le pensent Jean-Claude Milner et Benny Lévy une trahison du Judaïsme préfigurant ainsi l’antijudaïsme moderne ? L’universalisme des Lumières serait-il la consécration de cet antijudaïsme ?

22Au-delà de la vision fantasmée d’un Judaïsme qui se serait maintenu dans une fidélité scrupuleuse à la loi et dont l’authenticité serait garantie par l’orthodoxie, il semble au contraire que le Judaïsme est toujours déjà traversé par une ouverture messianique qui trouve une expression concrète et non pas eschatologique à travers des moments révolutionnaires de notre histoire. Ce n’est pas un hasard si les Noms de la présente étude qui balisent ces ruptures sont tous concernés de près ou de loin par cette infidèle fidélité au signifiant juif. Pour le philosophe et historien Yirmiyahu Yovel toutes les pensées les moins « orthodoxes » du monde moderne (Kant, Hegel, Heine, Hess, Feuerbach, Marx, Nietzsche et Freud) seraient en fait redevables à Spinoza et à sa philosophie de l’immanence qui elle-même n’a pu voir le jour que dans le contexte du marranisme, c’est-à-dire celui de cette infidèle fidélité. Le marranisme aurait ainsi rendu possible une mise à distance de la religion, de la pensée et de la politique officielle ou étatique. Si nous accordons à Yirmiyahu Yovel la prééminence de la figure de Spinoza dans cette généalogie il ne faut pas oublier qu’il n’en est pas le point de départ, nous avons montré à quel point la figure de Saint-Paul constituait déjà une rupture majeure dans l’histoire des idées et à quel point elle a pu influencer le philosophe d’Amsterdam. Mais ce n’est pas non plus Saint-Paul qui inaugure cette relation ambivalente avec la religion du Livre. La Torah elle-même est parcourue par une fracture messianique qui la traverse de part en part, produisant ainsi par moments une pensée iconoclaste en rupture avec le pouvoir établi. Quelques fois ce pouvoir établi est dénoncé au sein même du peuple juif par ses prophètes :

« Que m’importe la multitude de vos sacrifices ? Dit le Seigneur. Je suis saturé de vos holocaustes de béliers, de la graisse de vos victimes ; le sang des taureaux, des agneaux, des boucs, je n’en veux point. Vous qui venez vous présenter devant moi, qui vous a demandé de fouler mes parvis ? Cessez d’y apporter l’oblation hypocrite, votre encens m’est en horreur : néoménie, sabbat, saintes solennités, je ne puis les souffrir, c’est l’iniquité associée aux fêtes ! Oui, vos néoménies et vos solennités, mon âme les abhorre, elles me sont devenues à charge, je suis las de les tolérer ».

23La trahison ne vient pas d’Isaïe mais de la religion officielle et étatique qui soumet le peuple à des rites répétitifs et arbitraires. Bien avant Saint-Paul, Isaïe s’en prend ici de manière virulente à la loi officielle et à ses représentants. La prophétie de Jérémie appellera même un renouvellement dans un passage qui n’est curieusement jamais cité par Paul mais qui annonce déjà son messianisme :

« Voici, des jours vont venir, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Judas une alliance nouvelle, qui ne sera pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères le jour où je les ai pris par la main pour les tirer du pays d’Égypte, alliance qu’ils ont rompue, eux, alors que je les avais étroitement unis à moi, dit le Seigneur. Mais voici quelle alliance je conclurai avec la maison d’Israël, au terme de cette époque, dit l’Éternel : Je ferai pénétrer ma loi en eux, c’est dans leur cœur que je l’inscrirai ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple ».

24Cette annonce d’une nouvelle Alliance qui ne s’écrit plus dans la pierre mais dans le cœur en signifiant le passage de la lettre à l’esprit préfigure l’essentiel de la critique paulinienne.

25Il serait beaucoup trop long de montrer à quel point cette critique de la loi sera entendue d’une certaine manière par les sages du Talmud car il n’est pas un chapitre de cette monumentale compilation de discussions et de débats dans lequel ne se manifeste pas leur ironie singulière à l’égard des dévots qu’ils n’hésitent pas à qualifier eux-mêmes de « pharisiens ». Dans son essai sur Paul de Tarse, le talmudiste René Lévy en présente quelques extraits significatifs : La femme pharisienne (= dévote) et les flagellations des pharisiens détruisent le monde. Un peu plus loin au même endroit le talmud forge toute une série de sobriquets sur les pharisiens dont celui de « pharisien-saigneur » : Il ferme les yeux, faisant mine de ne pas voir les femmes ; ce faisant, il se cogne la tête contre les murs, et saigne comme si le sang en jaillissait.

26La dimension obsessionnelle de la loi tant décriée par Saint-Paul n’est pas étrangère aux sages du talmud qui ridiculisent ici avec humour la posture de l’orthodoxe. Cette ironie qui traverse le corpus talmudique de part en part trouve une expression concrète dans la seule fête qui selon le Midrash sera conservée aux temps messianiques : Dans les temps futurs tous les rites seront abolis sauf la fête de Pourim. La seule loi valable aux temps messianiques est précisément celle de la subversion de la loi dans sa dimension autoritaire :

« Et les enfants d’Israel se tinrent au pied de la montagne » (Exode 19). Rav Avdimi a dit : « Nous apprenons ici que le Saint-béni-soit-Il a incliné au-dessus d’eux la montagne en forme de baquet renversé et qu’Il leur dit : « Si vous acceptez la Torah, tant mieux ; sinon, ce sera ici votre tombeau ». Raba a dit : alors nous avons une réclamation devant dieu car nous n’avions pas le choix ! Rava répond au temps d’Assuérus (c’est-à-dire pourim), ils ont accepté de la recevoir ».

27Pourim désigne donc ici non pas la levée de la loi en tant que telle mais la levée de la loi comme contrainte extérieure et transcendante, une levée de la loi comme menace de mort par un dieu tout puissant. Le renversement ne s’arrête pas là : Rava a dit : C’est un devoir de s’enivrer à Pourim au point de ne plus faire de différence entre Maudit Haman (le persécuteur du peuple juif) et Béni soit Mardochée (le sauveur du peuple juif). Sous l’emprise de l’eau-de-vie les sages du talmud surenchérissent sur le « ni juif, ni grec » de Saint-Paul, par delà bien et mal : « je suis Hamman et Mardochée », « je suis Hitler et Jean Moulin », « je suis l’Homme générique ». Là où Saint-Paul revendiquait pour son compte le discours du fou comme accès à l’universel (en qualifiant son propre discours de « folie pour les Grecs » et celui de son Dieu qui a « choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ») les sages du talmud se réclameront de l’ivresse. L’ivresse et la folie traduisent ici la subversion de la loi mais aussi de la rationalité elle-même en tant qu’elle soumet l’Être à la maîtrise du sujet. Pour Alain Badiou c’est seulement par cette langue « où folie, scandale et faiblesse supplantent la raison connaissante, l’ordre et la puissance, où le non-être est la seule information validable de l’être » que s’ouvre au sujet l’horizon de l’universel. Ce renversement radical de l’onto-théologie apparaît expressément dans la suite de ces versets :

« Dieu a choisi les choses viles du monde et les plus méprisées, celles qui ne sont point (ta mè onta), pour réduire à néant celles qui sont (ta onta), afin que personne ne se glorifie devant Dieu ».

28Cette ivresse, cette folie et en définitive cette inversion constitue selon Freud la condition de possibilité de l’humour : dans le rire l’inconscient se délivre de la loi du surmoi. La figure du Messie, nous avons eu l’occasion de nous en apercevoir n’est pas étrangère à cette dérision. Voici la description freudienne de l’humour juif :

« C’est un cas particulièrement favorable au mot d’esprit tendancieux que celui qui se présente quand on dirige contre sa propre personne la critique et la révolte qu’on a en vue, ou bien, pour exprimer cela avec plus de circonspection, contre une personne à laquelle sa propre personne a part, c’est-à-dire une personne collective, par exemple contre son propre peuple. Cette condition que constitue l’autocritique peut nous expliquer que ce soit précisément sur le terrain de la vie populaire juive qu’un certain nombre de mots d’esprit les plus remarquables aient pris naissance, mots d’esprit dont nous avons d’ailleurs donné ici quantités d’échantillons. Ce sont des histoires inventées par des Juifs et dirigés contre des particularités juives. Les mots d’esprit sur les juifs faits par des non-juifs sont la plupart du temps des bouffonneries pleines de brutalité, dans lesquelles on s’épargne de faire de l’esprit par suite du fait que le juif est considéré par les non-juifs comme un personnage comique. Les histoires juives qui émanent de Juifs admettent cela, elles aussi, mais elles connaissent les véritables défauts des Juifs ainsi que le réseau de relations qui unit ceux-ci à leurs qualités, et le fait que notre propre personne ait part à ce qu’il s’agit de blâmer crée la condition subjective permettant le travail du mot d’esprit, à laquelle en d’autres circonstances, il est difficile de satisfaire. J’ignore d’ailleurs si, ce cas mis à part, il arrive fréquemment qu’un peuple se moque dans une aussi large mesure de sa propre nature ».

29Freud n’est pas prisonnier des catégories forgées par les « nouveaux théologiens » consistant à opposer fidélité et trahison, affirmation et négation. L’humour pour autant qu’il exprime une délivrance, se constitue précisément par ce mélange caractéristique d’affirmation et de négation. L’humour comme le rêve inconscient ne répond pas au principe de contradiction. Il faut malmener la raison et l’autorité pour que le rire survienne, en témoigne ce witz rapporté par Freud : Le grand Rabbin Nathan est en prière à Cracovie, au milieu de ses disciples. Soudain il pousse un cri, il est saisi d’une vision : le grand rabbin Shlomo vient de mourir à Lemberg. Toute la communauté prend le deuil et pleure le disparu, jusqu’au jour où, par le biais d’un témoignage, elle doit bien faire face à la réalité : le Rabbi Hillel n’est pas mort. Un étranger saisit l’occasion pour se moquer d’un disciple de Rabbi Nathan. « Peu importe » rétorque le disciple, « le coup d’œil de Cracovie jusqu’à Lemberg, c’était quand même très fort ». Pour reprendre les concepts à l’œuvre dans Der Witz, la technique du mot d’esprit consiste à mettre au défi la logique, à produire de l’absurde : le disciple devrait tirer les conséquences logiques de la vérité qu’il vient d’admettre et pourtant il persiste dans une affirmation contradictoire. La tendance du mot d’esprit, c’est-à-dire le désir inconscient qu’il vient réaliser c’est de tourner en dérision la dévotion du disciple envers l’autorité religieuse.

30Le messianisme n’est pas l’émergence d’une nouvelle forme d’autorité instituée qui viendrait succéder à l’ancienne loi, il est une rupture, une subversion ou même parfois une révolution. Les prophètes s’en prenaient ouvertement au pouvoir en place à commencer par celui qui sclérosait leur propre peuple, fidèles à cet appel d’autres voix singulières comme celles de Spinoza, Marx ou Freud s’élèveront pour tenter de rompre les mécanismes d’assujettissement des peuples et des individus.

31Witz talmudique :

« Rabbi Yehoshoua ben Levi, se promenant, rencontra adossé à l’entrée d’une caverne, le prophète Élie, Il lui demanda : Quand viendra le Messie ? Il répondit – Va et demande-lui.
Où le trouverai-je ?, s’enquit le Rabbi. À la porte de Rome, assis avec les pauvres affectés de toutes sortes de maladies. Rabbi Yehoshoua ben Levi alla donc, et le salua : Paix sur toi, mon maître et professeur. Paix sur toi, fils de Levi. Quand viendras-tu, Maître ? Aujourd’hui.
À son retour auprès d’Élie, Élie s’enquit : que t’a-t-il dit ? Il a menti, il m’a dit qu’il viendrait aujourd’hui, mais il ne l’a pas fait ! Élie lui répondit : C’est ce qu’il t’a dit : aujourd’hui, si vous entendez Sa voix » (Psaumes 95 : 7).

Bibliographie

À en croire le prophète Elie, le Messie est bel et bien arrivé, encore faut-il entendre sa voix, cette voix qui n’est pas celle du maître, de la raison calculante ou de la transcendance mais la voix décalée du mot d’esprit dans la bouche de celui qui n’est plus rien et qui par là même, du fond de son désêtre témoigne d’une vérité universelle.

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La Bible de Jérusalem

Talmud de Babylone

Maïmonide, Michné Torah

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Pour citer cet article

Référence papier

Lev Fraenckel, « Le Messie hors-la-loi », Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 37 | 2015, 121-138.

Référence électronique

Lev Fraenckel, « Le Messie hors-la-loi », Les Cahiers philosophiques de Strasbourg [En ligne], 37 | 2015, mis en ligne le 03 décembre 2018, consulté le 27 mars 2019. URL : http://journals.openedition.org/cps/489 ; DOI : 10.4000/cps.48

DOUGINE: La déclaration de Trump sur le Golan rapproche Israël de sa fin ...   

La reconnaissance par le président américain Donald Trump de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan continue d’être débattue par les hommes politiques et les personnalités publiques du monde entier. Le décret correspondant avait été signé par le dirigeant américain le 25 mars 2019. La Syrie a déjà déclaré qu'avec cette mesure, Trump enfreignait le droit international. 

L’agence de presse fédérale russe rappelle que, depuis de nombreux siècles, tout ce qui se passe en Israël, en Syrie et dans l’ensemble de la région est souvent interprété par une partie de la tradition intellectuelle à travers les significations religieuses chrétiennes, juives et islamiques associées à la fin du monde. Nous en avons parlé avec le leader du «Mouvement eurasien» international, le philosophe et politologue Alexandre Douguine. 
 

Au début de la conversation, le philosophe a expliqué l'essence de l'état d'Israël du point de vue de la tradition religieuse juive. 

«L’état actuel d’Israël est un simulacre. Il s'agit d'une proclamation antisémite et anti-juive dans tous les sens du terme », assure-t-il. «Si vous le regardez de l'intérieur du judaïsme, c'est une parodie. Comme partie des modèles eschatologiques juifs [décrivant la fin du monde] sa mission est purement fausse. Le fait est que dans le judaïsme, dans l'histoire juive, le retour des Juifs dans la Terre promise devrait avoir lieu au moment de l'arrivée du Moshiach [Le Messie]. Jusqu'à ce que le Moshiach vienne, ils n'ont aucun droit religieux d'y retourner. L’État d’Israël est une barrière pour le Moshiach. Soit le Moshiach, soit Israël. 

Par conséquent, selon Douguine, pour que le Moshiach vienne, Israël doit cesser d’exister, car c’est un simulacre, une tentative de substitution du divin, du point de vue du judaïsme, à la volonté humaine. 

Douguine a expliqué comment la reconnaissance des hauteurs du Golan par Trump a amené la fin du monde 

Quant à Trump, il est loin des sujets religieux. 

«Trump, bien sûr, est un politicien réaliste et complètement laïc. Il cherche des alliés parmi les mouvements conservateurs de droite, sans prêter attention à la religion à laquelle ils appartiennent », a expliqué Douguine. «Il a parié sur certains hommes politiques, en particulier sur Netanyahou. Dans le même temps, Trump est absolument indifférent aux problèmes eschatologiques qui n’ont aucune signification pour lui. Il soutient les politiciens simplement sur la base de la nécessité politique. » 

En ce qui concerne le Golan, l’idée de reconnaître le droit d’Israël sur les hauteurs du Golan en Syrie, qui est occupée par cet État, est une étape purement politique. 

"De mon point de vue, cela rapprocherait finalement l'effondrement de l'état d'Israël", a déclaré Alexandre Douguine. «L’Amérique, représentée par Trump, peut soutenir temporairement Netanyahou, mais plus Israël agit de manière agressive et audacieuse, plus l’hostilité à son égard est grande, non seulement de la population arabe, mais aussi d’autres pays. » 

Par conséquent, le seul résultat de cette reconnaissance sera l'approche de la fin de l'état d'Israël. 

«Et c'est le sens eschatologique», est convaincu Douguine. «Quand il s'effondrera, les Juifs se trouveront une autre expulsion, à la recherche d'un nouveau foyer, puis, du point de vue des Juifs traditionnels, la barrière à la réalisation de leur scénario eschatologique sera éliminée. En cela et seulement dans ce sens, j'interprète la décision de Trump, qui est simplement un instrument du destin. Plus tôt l'état d'Israël s'effondrera et disparaîtra de la surface de la terre, plus tôt dans la perspective juive, c'est-à-dire - de leur point de vue, la Moshiach viendra et le présent apparaîtra, à nouveau, de leur point de vue - Etat.  

«D'un point de vue chrétien, tout sera différent», a-t-il noté. 

Dans le même temps, selon Douguine, les cercles fondamentalistes protestants n’ont guère d’influence sur Trump, il est plus vraisemblablement un homme laïc - un coureur de jupons, un réaliste politique. 

«Bien qu'il soit en général de droite, conservateur, il traite bien la religion. Mais il ne comprend pas la théologie protestante - il a un profil complètement différent, un style différent. Il n'est pas intéressé, ce n'est pas grave. Et il voit tout dans de vraies catégories politiques. Et les lignes plus profondes du destin et de l'humanité répartissent les actions des pays ou de leurs dirigeants contre leur volonté, sans y prêter attention, ils comprennent ce qu'ils font ou ne comprennent pas », a conclu le philosophe. 

Rappelons que les hauteurs du Golan sont un territoire controversé entre Israël et la Syrie, dont ils faisaient partie en 1944-1967. À la suite de la soi-disant guerre des six jours de juin 1967, le territoire a été envahi par Israël. En 1981, la Knesset israélienne a proclamé la souveraineté sur le Golan, mais cette décision n'a pas été reconnue par le Conseil de sécurité des Nations unies. En 2018, les hauteurs ont été complètement capturées par des militants islamistes. À l'été 2018, l'armée arabe syrienne a été en mesure de les expulser de la région. 

Les hauteurs du Golan constituent un territoire important pour au moins deux raisons: l'accès aux réserves d'eau dépend de leur contrôle et, en outre, elles revêtent une importance stratégique du point de vue militaire. 

Source : Fort-Russ 
 

VOIR AUSSI : 

Hannibal GENSERIC 

Le Messie juif est arrivé, par Israël Shamir  

Peut-être bien que le Messie juif est déjà là, même si nous ne l’avons pas vu venir ? Tous les rêves et vœux juifs se sont réalisés à la mi-mai. Enfin, presque tous. Deux grands dirigeants mondiaux ont rivalisé de bienveillance envers les juifs, tandis que les Israéliens ordinaires rigolaient comme jamais en s’entraînant au tir sur des Gazaouis désarmés, ou au moins en applaudissant les meilleurs tireurs. Les Iraniens ont grincé des dents mais n’ont rien fait. Le Congrès US a estimé que les Polonais devaient payer aux juifs un tribut de 300 milliards de dollars.  Et une donzelle excessivement désagréable, [une certaine Netta Barzilai], juive, a été couronnée sur la scène des arts européens. Au passage, elle a assuré que la nouvelle capitale d’Israël, Jérusalem, serait le siège d’un rassemblement international exceptionnel l’année prochaine. 

Si vous pensez qu’une retombée quelconque de cette bienveillance pourrait vous échoir et améliorer votre sort, réfléchissez-y à deux fois. Personne ne vous a promis un lit de roses. Le Messie juif, c’est bon pour les juifs, mais les non-juifs auront juste à travailler plus et à se préparer à la vengeance divine. Il y a des débats, pour savoir si ce sont tous les goys qui seront frappés ou si quelques-uns resteront en vie afin de payer pour leur rachat. Quoi qu’il en soit, la bienveillance envers les non-juifs n’est pas un chapitre  brûlant dans cet arrangement. 

J’avais de grosses appréhensions au début du mois. Le programme semblait effrayant. Les Iraniens s’étaient installés en Syrie, les Russes étaient prêts à équiper la Syrie de leurs meilleurs S-300 (un système plus fiable que le nouveau et quelque peu féérique S-400). Les Palestiniens envisageaient de manifester pour le 70° anniversaire de leur Nakba, qui tombait juste avant le déménagement de l’ambassade US à Jérusalem et le début du Ramadan. Une guerre avec l’Iran et le Hezbollah, des troubles dans les territoires palestiniens, la perte du droit que Dieu nous a octroyé de survoler et de bombarder tout le monde au Moyen Orient, ces dangers pléthoriques s’étaient accumulés en cette première moitié du mois de mai. J’ai beau être particulièrement critique, l’ultime destruction de la Terre bien aimée ne fait pas partie de mes rêveries intimes. 

Les gens prudents marcheraient sur des œufs, et prendraient toutes leurs précautions, car ils préféreraient minimiser leurs risques dans une situation semblable, mais les juifs font tout pour les maximiser, ces risques. Si nous devons avoir des ennuis, mieux vaut que ça se passe tout de suite, pour en finir une fois pour toutes, a dit Netanyahou. Et toutes les choses quelque peu problématiques, l’accord sur le nucléaire iranien qui s’effondre, l’anniversaire de la Nakba, le déménagement de l’ambassade US à Jérusalem, la confrontation en Syrie, le début du Ramadan, tout s’est abattu d’un seul coup. L’Israël a réussi à passer au travers, haut la main. Ouf, on n’a pas eu de grosse guerre. 

Palestine  

Certes, il y a eu soixante Palestiniens descendus, juste le nombre de ceux qui avaient été martyrisés lors du massacre de Sharpeville. Mais quelle différence ! L’Afrique du Sud était devenue un Etat paria du jour au lendemain, et la campagne globale pour démanteler l’apartheid avait commencé sérieusement. Le massacre de Gaza a été blanchi par les médias obéissants et régnants, a fait savoir RT. Cet évènement a prouvé une fois de plus que les médias de masse et les réseaux sociaux qui font le tour du monde sont bien tenus en main par les juifs, une main invisible mais ferme. Gouvernements, partis, diplomates pouvaient rouspéter, et ils ne s’en sont pas privés, mais le public en général a été tenu à l’écart du dit massacre. 

Le système mondial de l’information de masse a beaucoup changé depuis 1960. Il y a une incroyable abondance d’information, on assiste à une véritable inondation qui nettoie tout. Les gens pensent seulement à ce qu’on leur raconte le jour même, et les campagnes de masse sont produites par les médias et les groupes de réflexion, elles ne produisent rien par elles-mêmes. On bassine les gens jour après jour avec par exemple l’Holocauste, ou les atrocités d’Assad, ou l’ingérence de Poutine, de sorte que cela leur reste présent à l’esprit. Au moment où on passe à un autre sujet de campagne, les alertes et le problème sombrent dans l’oubli, totalement, comme l’affaire Skripal a été oubliée aussitôt qu’elle a eu fini de se déployer. Maintenant, Skripal a été mis au vert par les Services secrets britanniques, et c’est quelque chose qu’on ne mentionne nulle part, en dehors de cette publication-ci. 

Et le massacre de masse à Gaza est déjà en train de passer à la trappe. Ils voulaient rappeler au monde qu’ils sont enterrés vivants dans la tombe qu’est Gaza, et maintenant les voilà morts. Les gens de Gaza sont enfermés là depuis 70 ans ; ces douze dernières années ont été les pires, car  la Bande de Gaza se retrouve assiégée par Israël depuis qu’ils ont voté pour le Hamas. Gaza est pratiquement invivable, car Israël a bombardé sa centrale électrique, ses équipements pour l’assainissement, son port et son aéroport. Ils ne peuvent même pas pêcher, parce que les garde-côtes tirent machinalement sur les bateaux de pêche. Ils peuvent voir leurs maisons et leurs champs raflés simplement parce qu’ils ne sont pas juifs, et ils ne peuvent même plus y accéder. Expulsions, expropriations, emprisonnement de trois générations, et le siège par-dessus, voilà un péché juif tout à fait unique. 

Peut-être que l’Holocauste aura été une punition divine pour le traitement juif de Gaza, dans la mesure où pour Dieu, la séquence temporelle ne compte pas. Dans la Torah, il n’y a pas d’évènements antérieurs ou postérieurs, בתורה מאוחר ואין מוקדם אין, enseigne le Talmud, et c’est vrai. On peut être puni pour des péchés pas encore commis, et s’ils ne doivent pas être commis finalement, la punition elle-même s’en trouvera annulée. Si les juifs ne torturaient pas Gaza, il n’y aurait pas d’Auschwitz. 

Gaza est une noble place malgré la dévastation. Dans bien des pays, les enfants des dirigeants deviennent milliardaires. La fille du président de l’Angola est la femme la plus riche d’Afrique : elle est le seul fournisseur d’accès à la téléphonie mobile dans ce pays exportateur de diamants. Mais il y a une autre tradition, celle des enfants de dirigeants qui sont les premiers à aller à la guerre. C’est la tradition de Gaza. Parmi ceux qui ont été descendus par les as de la gâchette israéliens, il y avait trois enfants de dirigeants de Gaza. 

Le fils de l’ex-premier ministre de Gaza, Ismaël Haniyeh, Maas, s’est retrouvé parmi les blessés graves. Ahmed al-Rantisi, fils d’Abd el Aziz al-Rantisi, fondateur du Hamas, a été tué. Son père, qu’on appelait le lion de Palestine, avait été assassiné par les juifs en 2004 ; un hélicoptère armé avait tiré un missile sur sa voiture dans le centre de Gaza, le tuant lui et ses gardes-du-corps, et blessant les passants. Et son fils vient de prendre sa suite. Izz al-Din al-Sammak, fils de Musa al-Sammak, dirigeant du Hamas, a été tué, et il n’avait que quatorze ans. 

Au total, plus d’une centaine de garçons et de jeunes hommes, la fleur de la Palestine, ont été moissonnés dans ces manifestations pacifiques d’avril et mai. Un objectif de cette frénésie de meurtre était de montrer que la résistance non-violente est futile. C’est plus excitant de tuer un opposant armé, si on est bien mieux armé soi-même. Quand on tue quelqu’un qui est sans armes, évidemment ce n’est pas une partie de cricket, mais c’est le genre de considération qui n’a jamais retenu un juif. [1] 

La raison à cela réside dans le doute sérieux sur l’humanité des non-juifs, qui se trouve installée au centre de la Weltanschaunng religieuse juive. Un bon Israélien qui condamne les tueries de Gaza est très probablement un végétarien qui s’oppose aussi au meurtre des animaux. Ce genre de braves Israéliens sont souvent anti-mâles, et préfèrent faire usage d’un nom féminin, comme l’association Zochrot  [centrée sur la compassion]. Ces gentils Israéliens sont en général anti autochtones, et soutiennent l’immigration sans limites des Africains en Palestine. Les gens de cette espèce ne sauraient être nombreux, et effectivement, ils ne le sont pas. 

Et quant aux autres juifs, ils ont retenu la leçon du protagoniste de Matrix, Neo (Keanu Reeves) à qui on avait appris à ignorer les dangers évidents, en tant que maya, un mirage créé par la Matrix, si bien qu’il sautait du haut des gratte-ciel et qu’il esquivait les balles. Les juifs ont apparemment une attitude comparable dans leur rapport au réel. Un jour cela ne marchera pas, ce qui les étonnera beaucoup, mais cette fois-ci, ça a marché. 

Le transfert de l’ambassade US avait été décrit comme la raison principale du bain de sang. Et de fait, c’est dans la ligne de ceux qui fraternisent autour du mot d’ordre  « @ Trump au trou». Cette décision qui déborde de méchanceté a fait beaucoup de bien, car elle a ruiné la fiction soigneusement nourrie des US comme intermédiaires honnêtes. Très peu de Palestiniens se sont émus de la décision de Trump, quelques douzaines de gens ont manifesté contre, à Jérusalem et ailleurs, tandis que la manifestation monstre ne s’adressait pas à Trump, comme décrite ci-dessus. Ce n’est pas Trump qui a décrété le siège de Gaza, ce n’est pas Trump qui a chassé les Palestiniens de chez eux, ce n’est pas Trump qui a perpétué la Nakba, la catastrophe palestinienne. Trump a saboté les tactiques machiavéliques du Département d’Etat et il a rendu la tâche bien difficile aux faire-valoir arabes qui veulent marcher dans les pas de Washington, ce qui n’est pas une mauvaise chose. 

L’Iran 

L’Iran, c’est un grand pays très éloigné, et il n’y a pas de raison pratique pour qu’Israël se querelle avec ces gens-là. Mais l’Iran est le dernier et le seul pays au Moyen Orient qui ne soit pas assujetti par l’hégémonie juive. Netanyahou a fait de son mieux  pour que les US se jettent sur l’Iran avec un appât style Colin Powell. Les juifs ont pris le pas sur Trump pour faire sortir son pays de l’accord nucléaire signé par six puissances, et après cela, au moment le plus tendu, Israël a bombardé des bases dites iraniennes en Syrie : et il ne s’est rien passé. Les Iraniens, indignés et consternés, continuent d’être soumis aux lois de la Matrix, et ils ne vont pas se mettre à sauter du haut des gratte-ciels ou à contrattaquer, pour avoir à affronter la fureur de Trump. Car ce président pour les juifs est un éléphant domestiqué. [2] 

Le meilleur cadeau que le tout-Puissant ait fait aux juifs en cette saison, ce sont les boules fragiles comme du pain azyme du président Trump. Le Peuple élu l’a pris par les pétoches de bien des façons. Il a été surpris avec une femme de petite vertu, juste comme le président Clinton, et il a eu raison de redouter d’avoir à démissionner. En cet instant de gros malaise, il a décidé de se mettre à la merci des juifs, et de faire ce qu’ils lui demandaient. [3] 

Il a déchiré l’accord nucléaire avec l’Iran, exactement ce que lui demandait Netanyahou. Il a promis d’en rajouter avec des sanctions contre l’Iran jusqu’à ce qu’ils se rendent et remplacent leur régime par un autre plus amical avec l’Israël. Puis il s’est exécuté, conformément à la promesse qu’il avait faite de  déménager l’ambassade US à Jérusalem. Grand bien lui fasse… 

 Je n’aimerais pas être à la place de Trump. La façon juive d’apporter un secours à un dirigeant relève de la torture par l’eau: le dirigeant est autorisé à survivre, mais c’est tout. La logique juive marche comme ceci : si nous le sauvons, il va nous oublier et négliger nos souhaits ; il vaut donc mieux le sauver, mais le laisser patauger dans les périls. C’est ce qui est arrivé au président US. Les juifs, et même des Israéliens, se sont  stratégiquement installés entre Stormy l’allumeuse [4] et le Cohen de Trump ; ils tiennent les étages supérieurs du bureau du procureur général Mueller et des positions solides au Congrès. Comme dans un simulacre de noyade, Trump reste menacé de couler, et il est bien obligé de satisfaire aux vœux de ses persécuteurs. 

Israël va continuer à provoquer l’Iran, en espérant déclencher une guerre américano-iranienne. Cela va de soi. Si Trump est malin, il ne va pas frapper l’Iran. En fait, il devrait s’en prendre à la Gestapo de Mueller. Tant que Rohani est président de l’Iran, l’Iran ne va sans doute pas riposter aux provocations israélo-US, mais la position de Rohani est précaire. Les Iraniens ont le sentiment que Kim le Roi du Nord a mieux su gérer la menace américaine, et ils peuvent changer de gouvernement et se mettre à emprunter la ligne Kim. C’est Israël qui, en tant que base avancée de l’Empire US, peut se retrouver sous la menace. 

Le meilleur, dans la politique iranienne de Trump, c’est qu’il a brisé le lien qui semblait impossible à rompre entre les US et l’Europe.où  Obama cherchait à colmater les divergences, Trump a élargi la brèche, et même les Européens dociles sont arrivés à la conclusion qu’ils doivent être un peu plus indépendants de Washington. Cela peut amener une déconnection entre les banques US et européennes, et permettre aux Européens de désobéir aux sanctions US contre l’Iran et contre la Russie. Ce processus n’est pas près de s’achever, mais il est en route. L’Iran, la Russie et les affaires européennes en seront les bénéficiaires, tandis que les US se retrouveront hors-jeu. 

La Turquie 

La voix la plus forte pour s’élever contre la brutalité israélienne a été celle du président de la Turquie, Erdogan. Il a renvoyé l’ambassadeur israélien, a rappelé son propre ambassadeur, et a organisé une rencontre entre dirigeants des États musulmans pour se mettre d’accord sur la façon de traiter le problème israélien. L’indépendance par rapport à Israël était la marque de fabrique d’Erdogan depuis longtemps : il avait affronté Shimon Peres à Davos il y a des années, et la tentative de putsch récente contre lui avait aussi un certain soutien du côté d’Israël [5]. 

Si on est contre l’Israël, il faut aussi être contre les US, qui sont le plus grand Etat juif. Cela convient à Erdogan. C’est à cause de son animosité que pas un avion américain n’a décollé de la base turque de l’OTAN pour bombarder la Syrie. La bataille turque contre les séparatistes kurdes a fait échouer le projet US de rester en Syrie par tous les moyens, et maintenant on a des indices solides pour penser que Trump tente de fermer le robinet du financement de l’enclave rebelle dans le Nord-Ouest de la Syrie, autour de la malheureuse Idlib. L’Israël pourrait bien se retrouver face à une Syrie unifiée et reconstruite, perspective qui n’a rien pour lui plaire. 

La Russie 

Le président russe Vladimir Poutine aurait pu lancer un bâton dans les roues des Israéliens. Il est lourdement investi en Syrie, il a besoin des troupes iraniennes là-bas, parce que sans elles, il faudrait qu’il envoie l’infanterie russe pour déloger les rebelles islamistes des ruines des villes syriennes. Il avait été humilié par les US lorsqu’ils avaient attaqué des bases syriennes et des villes alors que les Russes étaient à leurs côtés. Son chef de cabinet avait annoncé que la Syrie aurait ses S-300, après quoi il a maudit les transgresseurs israéliens et américains.[6] 

Les Israéliens ont reçu la menace sans sourciller. Le ministre israélien de la défense Avigdor Lieberman a annoncé que les Israéliens dégageraient les S-300 (et jusqu’aux S-700, a-t-il ajouté) s’ils les trouvaient sur leur chemin. Et Netanyahou a fait un geste politique fort : il s’est envolé vers Moscou et a passé toute la journée du 9 mai avec le président russe. 

Le 9 mai, c’est le Jour de la Victoire des Russes ; c’est devenu le jour férié le plus important et le mieux observé sous Poutine, tandis que les vieilles fêtes soviétiques se voyaient abandonnées au profit de la mise en place des nouvelles. 

Le choix de ce jour férié n’était pas naturel : la guerre est un évènement lointain pour une grande majorité de Russes. Leurs alliés dans la guerre sont leurs adversaires à présent, les US comme la Grande Bretagne. La Seconde Guerre Mondiale a été privatisée par les juifs, au moins dans l’opinion publique occidentale. Pour les Occidentaux, c’était une guerre pour les juifs et contre les ennemis des juifs. Il y a peu de références à la guerre où l’on ne retrouve pas une mention de l’Holocauste. Conscients de ces déficiences dans le récit dominant, les dirigeants soviétiques ne faisaient pas beaucoup de tapage autour du Jour de la Victoire. 

Poutine avait besoin d’un jour férié pour unir le peuple, dans sa construction de la nation, pour coopter la majorité prosoviétique sans faire des groupes anti-soviétiques des antagonistes. Il avait choisi le Jour de la Victoire pour en faire un grand évènement, malgré ce qui pouvait clocher. 

L’arrivée de Benjamin Netanyahou ce jour-là tombait bien, un vrai cadeau du Ciel, pour Poutine. Il tenait là l’homme qui allait pouvoir interpeller le Sénat US, savoir s’y prendre avec le président US, il arrivait, en chair et en os, Monsieur Juiverie mondiale personnifiée, pour venir appuyer le récit officiel russe sur l’histoire 

Bibi a agrafé son ruban de Saint Georges orange et noir, l’insigne des patriotes russes et des loyalistes dévoués à Poutine, il a pris une affiche avec le portrait d’un héros de guerre (juif) et a marché aux côtés de Poutine lors de la parade  du Régiment Immortel. Poutine, reconnaissant, a reconnu l’Holocauste et a fait une déclaration d’amitié avec le peuple juif [6]. 

Netanyahou a payé son hôte en retour avec un tir de missile sur la Syrie, presque aussitôt. C’est un procédé typiquement israélien : lors de chaque rencontre au sommet avec les Russes, bombarder ses alliés afin qu’ils sachent bien à qui ils ont affaire. Ils ont bombardé la Syrie au moment où le jet du ministre de la Défense russe, Shoïgou, était encore en plein ciel, entre Moscou et Tel-Aviv où il se rendait. 

Poutine a avalé la couleuvre, grosse comme un python, et a promis de se retenir de fournir des S-300 à la Syrie, malgré les paroles de son chef de cabinet. Peu après, Israël attaquait la Syrie en force ; selon Israël, ils s’en prenaient à des bases iraniennes ; selon les Iraniens, il n’y avait rien de tel, il n’y a aucune base iranienne ni troupes iraniennes là-bas. Quoi qu’il en soit, cette agression israélienne est restée sans réponse. 

Depuis ce néfaste 9 mai, les médias russes traitent Israël avec une grande prudence. Même le massacre de Gaza n’a pas été l’occasion de beaucoup de condamnations dans les médias russes, quoique le ministère des Affaires étrangères russes ait condamné cet acte brutal. L’agence officielle d’Etat RIA a témoigné que les soldats israéliens avaient tiré sur des « individus particulièrement agressifs ». La deuxième agence de presse, TASS, a réduit au minimum ses rapports sur le massacre. 

Les Russes au pouvoir n’aiment pas beaucoup l’Iran et les Iraniens, m’a dit un ami iranien. Alors que l’Iran aimerait acheter tout ce que les Russes cherchent à vendre, les Russes traînent des pieds. Le volume du commerce entre la Russie et l’Iran est du même ordre de grandeur que le commerce entre la Russie et le chétif Israël, soit moins de deux milliards de dollars par an. Israël a énormément de soutiens parmi les élites russes, les Russes vont visiter Israël par milliers, tandis que l’Iran est un partenaire non désiré [7]. 

Bref, les juifs ont surmonté leurs problèmes à la mi-mai 2018, et se sont fait reconnaître comme entité politique de poids à l’échelle de la planète Terre, au même niveau que les deux superpuissances, et par leur capacité de contrôle mental sur des milliards de gens. [8] 

Le massacre de Gaza a fourni la preuve qu’ils peuvent tuer en toute impunité.  

Et pourtant, jusqu’à maintenant, les juifs ont toujours dépassé les bornes et attiré des calamités sur eux. Aucune raison de douter que cela n’arrive cette fois aussi. Nous allons y revenir, à propos de l’assaut juif contre la Pologne et en matière d’esthétique européenne, dès le prochain article.  

par Israël Adam Shamir 

Pour joindre l’auteur: adam@israelshamir.net 

This article was first published at The Unz Review. 

Traduction: Maria Poumier 

NOTES 

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Laos signifie le Peuple de DIEU, la Nation prise dans son ensemble. Seul le Peuple est souverain
  • La Laosophie est une philosophie de l'existence, très ancienne puisque nous l'avons fait remonter aux sources mêmes du début de la Philosophie Grecque, soit au VIIème siècle avant notre ère par l'intermédiaire de la première femme philosophe, SAPPHO.
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