La raison ? C’est là qu’Emmanuel Macron a fait son lycée, et qu’il a connu, alors qu’il avait 14 ans et elle 39, une certaine Brigitte Trogneux, qui y animait l’atelier de théâtre et allait devenir son épouse et la première dame de la République française.

Cet établissement catholique, qui fait partie du réseau français d’écoles jésuites, est une véritable institution amiénoise. C’est l’école de la bourgeoisie picarde, qui accueille une diversité sociale croissante, certes, mais demeure la pépinière d’élite des notables de la région.

Un autre élève : François Ruffin

Le complexe actuel, construit après la Seconde Guerre mondiale, a des airs de campus universitaire. Il accueille près de 2 000 élèves, de la maternelle au post-bac. 

 

Au lycée Henri-IV, les infortunes du jeune Macron

Où et quand se forgent les grandes ambitions ? Pour Emmanuel Macron, il faut peut-être remonter à cette école d’élite, à Paris, où ses parents l’envoyèrent pour qu’il oublie Brigitte et réussisse Normale Sup’. Il ne fera ni l’un ni l’autre. Brigite lui sert de faire valoir pour son homosexualité due au traumatismes de son adolescence.

 

Emmanuel Macron, adolescent.

Emmanuel Macron, adolescent. ARCHIVES PERSONNELLES D'EMMANUEL MACRON / BESTIMAGES

Cela aurait pu être une autre histoire. Peut-être, d’ailleurs, n’en n’aurions-nous jamais entendu parler. S’il n’avait pas, à plusieurs reprises, raté le concours de l’école normale supérieure, Emmanuel Macron aurait probablement eu un tout autre destin. Adolescent, il ne jurait que par les mots ; les mots lus, les mots écrits, les mots déclamés sur les planches d’un théâtre. Il se rêvait écrivain, s’imaginait une carrière universitaire. L’échec l’a contraint à s’inventer une autre voie, il est devenu président de la République.

 

Pour comprendre ces années qui ont changé le cours de sa vie, il faut pousser les portes d’un monument. En haut de la montagne Sainte-Geneviève, à Paris, à deux pas du Panthéon et de la Sorbonne, au cœur du Quartier latin, d’épais murs abritent le prestigieux lycée Henri-IV. À l’origine, une abbaye édifiée à la demande du roi Clovis au début du VIsiècle qui devint l’un des berceaux de l’université de Paris. Un établissement pas comme les autres, joyau du patrimoine avec sa tour Clovis, sa chapelle, son cloître, le tombeau du monarque et de son épouse Clotilde, sa bibliothèque à coupole, son cadran solaire et… la liste des grands hommes qui y sont passés.

 

Le temple de « l’élitisme républicain »

Il est au Lycée Henri IV pendant les années scolaires 1995-1996 et 1996-1997.

 

Henri-IV se situe, comme l’explique le site Internet du lycée« dans la tradition de l’élitisme républicain ». Guy de Maupassant, Alfred de Musset, André Gide, Jean-Paul Sartre et Paul Nizan y furent élèves, comme Léon Blum, René Dumont ou, plus récemment, l’économiste Esther Duflo. La devise de l’établissement a été héritée des moines augustiniens qui y avaient leur siège : « Domus omnibus una » (« une maison pour tous »). Surtout pour les meilleurs, pourrait-on ajouter aujourd’hui.

Henri-IV, deuxième lycée parisien par la taille, ce sont 2 700 élèves, dont 1 100 en classes préparatoires aux grandes écoles. Si le collège est sectorisé, le lycée, en revanche, sélectionne à sa guise les élèves les mieux notés de France. Résultat : 100 % de réussite au bac, 78 % de mentions « très bien » et une moisson annuelle de prix aux concours généraux.

 

Les classes préparatoires d’Henri-IV occupent, elles, les plus hautes marches des podiums. 30 % des élèves présentés réussissent à Polytechnique, un normalien sur cinq (un sur trois en section Lettres) vient de l’établissement. Celui-ci est aussi le premier pourvoyeur d’admis à HEC, et peut se targuer de compter quatre Prix Nobel parmi ses anciens étudiants.

 

Admis en hypokhâgne et khâgne au lycée Henri-IV, il échoue à deux reprises à l'écrit du concours d'entrée de l'École normale supérieure (ENS).

 

Il intègre l'Institut d'études politiques de Paris en 1998. D'abord étudiant au sein de la section « Internationale », il se réoriente en troisième année au sein de la section « Service public ». Il sort diplômé de Sciences Po en 200127. Il suit en parallèle un cursus en philosophie à l'université Paris-Nanterre et y obtient successivement une maîtrise en 2000 et un DEA en 2001 ; ses mémoires d'études sont dédiés à des penseurs politiques : Machiavel et Hegel.