1) Général Jacques Lanxade
Il fut Chef d’état-major particulier du président Mitterrand d’avril 1989 à avril 1991, puis chef d’état-major des armées (avril 1991 à septembre 1995). L’armée française aux ordres de Jacques Lanxade, a joué au Rwanda entre 1990 et 1994, le rôle d’une véritable force d’occupation, impliquée dans des crimes graves. En tant que chef suprême des Armées, Jacques Lanxade a reçu tous les rapports concernant les exactions de l’armée rwandaise, ses massacres, sa politique discriminatoire et génocidaire, mais Jacques Lanxade a maintenu une assistance accrue à cette armée, en lui fournissant des moyens matériels et humains.
En 1991, Jacques Lanxade a effectué une visite de travail au Rwanda en compagnie de son chef de cabinet, le général Pidancet et le colonel Delort, chef des relations extérieures. Au cours de cette visite, Jacques Lanxade a participé aux entretiens avec des autorités supérieures de l’Etat et de l’Armée, et a visité sur terrain les détachements de Noroît et du DAMI. Lors de cette visite, Jacques Lanxade a été informé des massacres commis par les FAR sur les Bagogwe à Ruhengeri, mais il a maintenu la présence des instructeurs français.
Jacques Lanxade assimilait le FPR à l’Ouganda et au groupe tutsi dans son ensemble et a transformé par là un conflit politique en conflit ethnique. Jacques Lanxade défendait que la majorité ethnique hutu corresponde à la majorité démocratique, et a choisi pour ce fait de prendre parti pour cette majorité. Plus grave, dans la vision de Jacques Lanxade, tout Tutsi était assimilé à un combattant potentiel du FPR, ennemi de la France, qu’il fallait combattre. Sur ordre de Jacques Lanxade, les militaires français du DAMI Panda, ont reçu en avril 1991 l’ordre de fournir une aide opérationnelle aux FAR pour renforcer le régime militairement, afin qu’il puisse mieux négocier avec le FPR.
Des documents et témoignages prouvent que Jacques Lanxade était informé, par son attaché de défense, de toute la situation prévalant au Rwanda depuis 1990, et que des décisions importantes étaient prises après son accord. L’ambassadeur Jean-Michel Marlaud a avoué devant la MIP que toutes les communications émanant de l’ambassade de France au Rwanda étaient contrôlées par l’attaché de défense qui, à son tour, rendait compte à Jacques Lanxade et à Christian Quesnot.
2) Général Christian Quesnot
Chef de l’état-major particulier du président Mitterrand de 1991 à 1995, Christian Quesnot est l’un des principaux responsables du soutien inconditionnel au régime de Habyarimana. Il a été le principal informateur du chef d’état-major français quant aux interventions que l’armée française a conduites au Rwanda. Dans ses notes qu’il a adressées au président Mitterrand, Quesnot a plaidé pour un soutien immodéré au régime Habyarimana et à ses forces armées.
Pendant le génocide, Christian Quesnot s’entretenait constamment avec le président Théodore Sindikubwabo et intervenait auprès du président Mitterrand pour une aide militaire de la France. Le 29 avril 1994, Christian Quesnot a écrit des mots extrêmement insultants à l’égard du FPR : « Le FPR est le parti le plus fasciste que j’aie rencontré en Afrique. Il peut être assimilé à des ‘Khmers noirs’. Il a une complicité belge ». Le 4 mai 1994, la même diabolisation fut reprise. Le 6 mai 1994, Christian Quesnot a proposé un soutien aux FAR en train de commettre le génocide.
Le 24 mai 1994, le général Quesnot a récidivé en s’adressant au président Mitterrand pour qu’il décide dans l’urgence l’octroi d’un soutien militaire direct aux FAR et au gouvernement intérimaire : « L’arrivée au pouvoir dans la région d’une minorité dont les buts et l’organisation ne sont pas sans analogie avec le système des Khmers rouges est un gage d’instabilité régionale dont les conséquences n’ont pas été anticipées par ceux, y compris en France, dont la complicité et la complaisance sont patentes ». La violence de ces propos et la haine qu’ils renferment sont le reflet d’une adhésion totale et intentionnelle aux idées et actions des auteurs du génocide.
3) Général Jean-Pierre Huchon
Il fut adjoint du général Quesnot d’avril 1991 à avril 1993, puis chef de la mission militaire de coopération d’avril 1993 à octobre 1995. Il a poursuivi l’instrumentalisation de l’ethnisme et a coordonné les livraisons d’armes, munitions et équipements militaires aux FAR avant et pendant le génocide. Ces armes ont servi à exécuter des massacres de civils innocents tués par l’armée et les milices paramilitaires. Au mois de mai 1994, Jean-Pierre Huchon a reçu à plusieurs reprises dans ses bureaux à Paris, le lieutenant-colonel Cyprien Kayumba, chef de la logistique au ministère rwandais de la Défense, qui y a séjourné pendant vingt sept jours « pour tenter d’accélérer les fournitures d’armes et de munitions à l’armée rwandaise ».
Une commande d’armes fut passée à la SOFREMAS, entreprise publique entièrement contrôlée par l’Etat français. Le 9 mai 1994, Jean-Pierre Huchon a reçu le lieutenant-colonel Ephrem Rwabalinda, conseiller du chef d’état-major des FAR.
Dans son rapport de mission, Ephrem Rwabalinda a mentionné parmi les priorités abordées avec Jean-Pierre Huchon « le soutien du Rwanda par la France sur le plan de la politique internationale ; la présence physique des militaires Français au Rwanda (…) pour des coups de mains dans le cadre de la coopération ; l’utilisation indirecte des troupes étrangères régulières ou non ». Rwabalinda a ajouté que Jean-Pierre Huchon conseillait au Rwanda de rendre le FPR responsable du génocide : « (…) Si rien n’est fait pour retourner l’image du pays à l’extérieur, les responsables militaires et politiques du Rwanda seront tenus responsables des massacres commis au Rwanda. Il est revenu sur ce point plusieurs fois » (…)
« Soigner davantage l’image du pays à l’extérieur constitue une des priorités à NE PAS perdre de vue. Les appareils téléphoniques que j’apporte devraient nous aider à sortir de l’isolement vis-à-vis de l’étranger ». Et Rwabalinda de conclure que « la maison militaire de coopération prépare les actions de secours à mener à notre faveur ».
4) Lieutenant-colonel Michel ROBARDEY
Michel Robardey est arrivé au Rwanda en septembre 1990 et l’a quitté en avril 1994. Robardey a dirigé une équipe de quatre gendarmes français qui ont élaboré et installé entre 1992 et 1994 au sein d’un centre de torture appelé « CRIMINOLOGIE », un système d’informatisation des données permettant de disposer des listes de personnes recherchées et à rechercher. Ces listes visaient prioritairement les Tutsi et les opposants politiques Hutu. En février 1993, le premier ministre, Dismas Nsengiyaremye, a adressé un courrier au ministre rwandais de la défense dans lequel il protestait contre l’intention criminelle de ces listes et exigeait leur suppression. Ces listes établies ont été l’instrument du génocide en 1994.
Une note des services secrets militaires français reconnait que depuis le premier jour du génocide, « munis de listes préétablies, les militaires de la Garde présidentielle ont entrepris de massacrer tous les Tutsi ainsi que les Hutus originaires du sud ou soutenant les partis d’opposition. »
Dans ce même Centre, Robardey a participé à une série d’interrogatoires violents contre des personnes qui y étaient détenues. En février 1993, le major Corrière placé sous le commandement de Robardey, a torturé deux Tutsi, Rudasingwa Japhet et Byukusenge Anne Marie, dans les locaux de la Criminologie en leur reprochant d’avoir donné à un journal rwandais, Le Flambeau, des photos montrant des militaires français participant aux combats aux cotés des FAR. Anne Marie Byukusenge mourra plus tard des suites de ses tortures. Pendant leur présence à la Criminologie, des gendarmes français faisaient disparaître au cours des enquêtes criminelles, tout indice de nature à prouver l’implication du régime rwandais dans les actes terroristes, et Robardey les attribuait tous injustement au FPR.
De nos jours, Michel Robardey est membre d’une association négationniste dénommée France-Turquoise qui regroupe les anciens militaires français qui ont participé à l’opération Turquoise en 1994 au Rwanda. Michel Robardey est créateur d’un blog dans lequel il diffuse des idées négationnistes sur le génocide commis contre les Tutsi. Il participe à de nombreux colloques négationnistes et témoigne toujours en faveur des génocidaires rwandais incriminés en France ou dans des tribunaux d’autres Etats.
5) Colonel Gilbert Canovas
Gilbert Canovas était d’octobre à novembre 1990 adjoint opérationnel auprès de l’attaché de défense et conseiller du chef d’état-major de la gendarmerie rwandaise. Il a été activement impliqué dans la mise en place des plans d’établissement des barrières sur lesquels les civils ont trouvé la mort. Le 12 avril 1991, en compagnie du major Christian Refalo, Gilbert Canovas s’est rendu à Ruhengeri « dans le but, écrit-il, d’étudier comment conquérir et assurer le contrôle de la zone de la forêt des volcans que les Inyenzi occupent et où toutes nos tentatives d’infiltration ont jusqu’à présent échoué ».
Au cours de cette opération, Gilbert Canovas a mis en place une formation des milices aux méthodes de tuer et d’infiltration. Donc, les premiers unitees des Interahamwe ont été mises en place par le colonel Canovas. Un autre exemple de son engagement actif auprès du régime Habyarimana est cette rencontre du 18 février 1991 entre Michel Robardey, le colonel Gilbert Canovas et le chef d’Etat-major de la gendarmerie rwandaise, le colonel Rwagafirita, au cours de laquelle le colonel Canovas « a déclaré être entièrement disponible pour apporter son concours pour une défense efficace de la capitale KIGALI ».
6) Colonel Jacques Rosier
Jacques Rosier a été chef du Détachement d’Assistance Militaire et d’Instruction (DAMI) entre juin 1992 et novembre 1992. C’est pendant cette année 1992 que le DAMI hébergé dans les camps militaires de Gabiro, Gako, Mukamira et Bigogwe, a accentué la formation des Interahamwe. Jacques Rosier était le coordonnateur de ces formations. Les deux vagues de tueries qui ont eu lieu dans le Bugesera début mars 1992, et celle visant les Tutsi Bagogwe entre novembre 1992 et janvier 1993, ont été commis par des Interahamwe formés par ces instructeurs français du DAMI. Ces formations criminelles ont été par ailleurs dénoncées dans le rapport de la Commission des experts de l’ONU en juin 1994 en ces termes : « un camp d’entraînement pour la milice Hutu (interahamwe) a été créé dans le Mutara. Les sessions duraient trois semaines chacune, comprenant l’endoctrinement de 300 hommes à la haine ethnique contre la minorité tutsi. Les sessions comportaient également l’apprentissage des méthodes de massacres de masse ».
7) Capitaine Joubert Etienne
Il fut chef du DAMI appelé Panda du 23 décembre 1992 au 18 mai 1993. Etienne Joubert a dirigé la formation des Interahamwe au camp militaire de Gabiro. Dans ce camp, Etienne Joubert et ses hommes formaient trois groupes de personnes bien distincts, des Hutu burundais, des militaires rwandais et les Interahamwe. Pendant Turquoise, Etienne Joubert est revenu au Rwanda, à Gikongoro, d’abord à la tête du Commandement des Opérations Spéciales (COS) et en même temps officier de renseignements, puis chef des opérations.
Les hommes du COS qu’il commandait ont été les premiers militaires français arrivés à Gikongoro le 24 juin 1994. Etienne Joubert a immédiatement collaboré avec les autorités responsables du génocide, notamment le préfet Bucyibaruta et le capitaine Sebuhura, organisateurs du génocide à Gikongoro. A SOS et au Collège ACEPR Gikongoro, des militaires placés sous ses ordres ont commis des meurtres de Tutsi, des viols et agressions sexuelles systématiques.
8) Colonel Didier Tauzin
Il fut conseiller militaire du président Habyarimana de 1990 à 1993, chef du DAMI Panda et de l’opération Chimère (22 février – 28 mars 1993), puis commandant, pendant un court moment, de Turquoise Gikongoro. Il a contribué à former les miliciens et à combattre le FPR en 1993. Il s’en vanta en ces termes : « Nous lui avons mené la vie dure, au FPR ! (…) Nous avons brisé son élan vers Kigali. (…) Pas de cadeau. » Il s’est manifestement opposé à l’accord de paix d’Arusha qu’il qualifiait de « totalement irréaliste, scandaleux et ignoble, voire un lâchage, une trahison » qui a permis « l’intrusion des milices du FPR dans le pays. »
Autrement dit, pour Tauzin, les membres du FPR ne sont pas des Rwandais, ce sont des milices étrangères ! Le 04/07/1994, Tauzin déclara à la presse que l’armée française n’hésitera pas « à casser les reins du FPR » et que les ordres seront : « pas de quartier ». Il fut rappelé. Dans son livre publié en 2011 « Rwanda : Je demande justice pour la France et ses soldats », Tauzin nie qu’il n’y a pas eu de génocide contre les Tutsi.
9) Colonel René Galinié
Il a occupé des fonctions d’Attaché de défense près l’ambassade de France au Rwanda et chef de la mission militaire de coopération (juillet 1991-avril 1994), commandant de Noroît de juillet 1991-décembre 1993, hormis février et mars 1993. Il était au courant de tous les massacres commis par le régime Habyarimana, les a couverts et a continué de fournir une aide et assistance logistique à ce régime qui commettait les massacres et préparait le génocide.