Elles pourraient revêtir un caractère légitime si les enquêteurs de l'OIAC, arrivés sur place les 13 et 14 avril, prouvaient qu'une attaque chimique avait bien eu lieu et que celle-ci avait été l'œuvre de l'armée de Bachar el-Assad. Mais il n'en est rien et pire encore, la décision de bombarder Damas a été prise avant même leur arrivée, tout en rejetant la veille des frappes une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu présentée par la Russie, demandant l'envoi immédiat d'une équipe d'enquêteurs de l'OIAC sur place, sous protection russe, afin que ceux-ci puissent faire leur travail.
Est-ce cela l'attachement de la France à la justice et au respect du droit? Bloquer une enquête et bombarder un État avant même que la moindre preuve tangible ne soit apportée? À croire qu'Emmanuel Macron n'a rien appris des erreurs et des mensonges anglo-saxons en 2003 à propos de l'Irak. Monsieur Chirac avait eu la grandeur de se distancier de ce conflit, nul doute qu'à sa place, l'actuel Président de la République y aurait foncé tête baissée.
M. Macron affirme que «des traces chimiques avaient été trouvées dans la zone de la Ghouta orientale». Mais qui l'affirme, qui les aurait retrouvées, quelle preuve a-t-il et pourquoi refuser de les livrer? Puisque ces preuves seraient en sa possession, qui l'empêche d'en faire part à l'OIAC afin de faciliter son travail? Le document rendu public par le service de communication des Armées se base sur une analyse d'images des réseaux sociaux et de témoignages de Casques blancs, dont on connaît la partialité. Aucun élément concret, et pour cause. À ce rythme-là, autant aller bombarder le moindre pays qui en dérange un autre sur de simples présomptions en affirmant que cela est légitime.
Le locataire de l'Élysée ose de plus soutenir que «nous avons simplement œuvré pour que le droit international et pour que les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU ne soient pas lettre morte». Donc, selon sa logique, il protège le droit international… en le violant.
Cela relève du génie!
Selon la Charte de l'Onu qu'il déclare avoir à cœur, les deux seuls moyens légaux de recours à la force dans les relations internationales sont soit à la demande du gouvernement du pays dans lequel l'intervention a lieu, ce qui n'est pas le cas, soit sur résolution du Conseil de sécurité de l'Onu, ce qui n'est pas le cas non plus. Alors quel droit défend-il? Celui que l'Occident se réserve depuis 1999 et la guerre en Yougoslavie, qui consiste à aller bombarder illégalement tous ceux qui le dérangent?
L’usage d’armes chimiques met en danger le peuple syrien et notre sécurité à tous. L’intervention armée de cette nuit montre notre détermination. Conseil restreint de défense.
POUTINE : "Ce précédent est d'une dangerosité qui semble totalement échapper à Emmanuel Macron. Pense-t-il que cette attitude unilatérale permettra d'avancer sur les dossiers iraniens et nord-coréens, que ces pays renonceront à acquérir la capacité de se défendre, alors que tant qu'ils ne disposent pas de l'arme nucléaire, ils sont à la merci de ce type d'opération?"
Et puisqu'il avance que ces frappes sur la Syrie ont été décidées pour contourner les vetos répétitifs de la Russie, est-il en train d'ouvrir la porte à ce que des États aillent attaquer Israël du fait que les résolutions à son encontre sont systématiquement bloquées par les États-Unis? Encore une fois, quel dangereux précédent!
La France avait beaucoup perdu de sa stature suite au départ de Jacques Chirac, et Emmanuel Macron trouve le moyen d'assombrir le tableau. Belle performance. Il met France à terre, le Président Français se paie la Syrie alliée de la Russie et de la Chine, les Français règlent l'addition !